Souhaitant nous focaliser sur l’essentiel, le principal objectif était que la maison soit correctement conçue et optimisée dans son fonctionnement..
De son emplacement sur le terrain à sa conception technique, il s’agissait donc de réfléchir à construire une maison :
- Econome en énergie, pour de faibles couts de fonctionnement et pour contribuer à la réduction de la facture énergétique globale.
- Composée de matériaux sains, pour notre bien être et une grande sensation de confort
- Spacieuse et habitable, pour permettre d’y mener tous types d’activités
- Avec un bilan Carbonne le plus faible possible, pour respecter l’environnement dans lequel elle s’intégrerait.
A l’heure où on a plutôt tendance à aligner les habitations sur les voies de circulation, nous préférions donc la disposer en respectant quelques critères bioclimatiques assurant le meilleur fonctionnement naturel de la maison :
- Construction tournée vers le Sud (Ca tombe bien, la vue sympa est au sud, mais ça, ça faisait partie des critères de choix du terrain)
- Peu d’ouvrants au nord et plantation d’arbres à feuilles persistantes à proximité, pour réduire l’impact du froid et du vent
- Large baies vitrées au sud pour profiter des apports thermiques et de la luminosité
- Brise soleil, casquettes horizontales et plantation d’arbres à feuilles caduques au sud, pour réduire l’impact du soleil en été sans réduire la luminosité en hiver
Ce type d’implantation devrait nous permettre d’avoir une solution fonctionnelle, naturelle, nous apportant un très haut niveau de confort.
Concernant la construction en elle même, toujours dans l’objectif de consommer le moins possible, et d’atteindre un certain niveau de performance énergétique, nous nous orientons vers une maison au standard passif, dont les 4 critères sont :
- Besoins en chauffage < 15 kWh/(m².a) ou puissance de chauffe < 10 W/m²
- Besoins en énergie primaire totale (électroménager inclus) < 120 kWh/(m².a)
- Étanchéité de l’enveloppe : n50 ≤ 0,6 h-1
- Moins de 10 % d’heures de surchauffe annuelles (>25°C
A titre de comparaison, la RT20132 qui est le standard obligatoire applicable pour toute construction neuve en France est la suivante :
- Besoins en chauffage;, éclairage et ventilation < 50 kWh/(m².a) avec des grilles d’interprétation très libres
- Étanchéité de l’enveloppe : 0,6 m3/(h.m²) pour le résidentiel / 1 m3/(h.m²) pour le collectif / aucun seuil pour le tertiaire
Plus simplement, un Bâtiment Passif, c’est : une isolation renforcée, des fenêtres dites « chaudes », une ventilation avec récupération de chaleur, l’étanchéité à l’air, la suppression des ponts thermiques, l’optimisation des apports solaires gratuits, ainsi que l’utilisation d’appareils peu gourmands en énergie. Financièrement, le Bâtiment Passif est le meilleur compromis de construction entre coût global d’exploitation et investissement.
Pour construire cette maison passive nous aurions très bien pu utiliser des matériaux efficaces, traditionnels, mais peu écologiques tels que le béton, le polystyrène, … Notre volonté étant de viser la performance sans sacrifier l’environnement, nous avons essayé de concilier les 2 et nous sommes orientés très naturellement vers une maison ossature bois.
Ce principe de construction ne présentant, dans notre cas et pour nous, que des avantages :
- Rapidité de mise en œuvre.
- Filière locale biosourcée et écogérée durablement
- Matériaux naturels (bois de charpente non traités) apportant un vrai confort de vie
- Principe constructif permettant un très haut niveau d’isolation
- Durabilité
- Intégration dans le paysage
- Cout raisonnable
Pour améliorer encore le fonctionnement de la maison, tout en garantissant une certaine autonomie de fonctionnement, nous souhaitions profiter des ressources naturelles et les éléments disponibles sur le terrain.
L’eau :
Nous avons prévu un forage pour nous alimenter en eau à usage domestique, d’irrigation et de consommation.
Afin d’éviter les nappes superficielles qui peuvent se trouver fréquemment polluées et dont la qualité d’eau est très fluctuante, nous allons puiser directement dans la nappe phréatique (nappe de la craie) se trouvant sous le terrain, à 60 mètres de profondeur.
Cette nappe à le double avantage d’avoir un niveau élevé et stable et une excellente qualité, avec des eaux claires, de dureté moyenne, riches en fer, et en minéraux.
L’installation d’eau domestique sera complétée par un adoucisseur, une série de filtres à pots de différentes granulométries et d’un stérilisateur UV permettant de détruire la quasi totalité des bactéries pouvant se trouver dans l’eau.
Malgré toutes ces précautions, des analyses d’eau fréquentes et aux différentes périodes de l’année seront nécessaires pour nous assurer de sa qualité constante.
En complément, l’eau de pluie sera récupérée depuis les gouttières, jusqu’à un réseau de stockage et d’irrigation pour l’extérieur, en sortie d’assainissement. (En sortie uniquement. Il est interdit de raccorder le traitement des eaux pluviales au réseau d’assainissement)
La terre :
Afin de profiter des apports de la terre, nous souhaitions mettre en place un système de chauffage par géothermie avec échangeur eau/eau. Un liquide circule dans des tuyaux enterrés à plusieurs mètres de profondeur afin de récupérer les calories du sol. Ces calories passent dans un échangeur pour venir préchauffer de l’eau qui circule dans des tuyaux intégrés dans les planchers de la maison.
Bien que ce dispositif soit très efficace et permette de réaliser de vraies économies de chauffage dans une maison traditionnelle, une rapide discussion avec notre constructeur nous faisait comprendre qu’avec les faibles besoins en chauffage de notre maison, cet investissement ne serait jamais rentabilisé et serait parfaitement inutile. Nous abandonnions donc rapidement le système de géothermie pour privilégier des bêtes radiateurs électriques à inertie. « Ca représente un investissement minime et la plupart du temps ils seront éteints. »
L’air :
Ne pas abandonner l’opportunité de profiter de la terre, et profitant du budget libéré par l’abandon de la géothermie, nous nous sommes réorienté vers la mise en place d’un puits provençale. le fonctionnement est identique, mais bien moins couteux à mettre en place : Des conduits d’aération en grès sont enterrés à 3 mètres de profondeur sur une longueur de 50 ml et alimentent en entrée la ventilation de la maison. Cet air est réchauffé par les calories du sol (à 3 mètres de profondeur, l’air est à une température constante, toute l’année, aux alentours de 12°c)
En hiver, l’air injecté dans la maison est donc préchauffé, permettant une économie d’énergie pour le chauffage. Inversement, en été, l’air injecté est refroidi, permettant de bénéficier d’une climatisation naturelle.
De part ses propriétés, le grès permet également de réguler l’hygrométrie de l’air à un niveau parfait pour le confort de vie des habitants.
Le feu :
Le dernier élément à prendre en compte pour optimiser le fonctionnement de la maison et se rendre un peu plus autonome, est le soleil. Nous avons logiquement pensé à l’installation de panneaux solaires ou photovoltaïques. Ces installations permettent de transformer l’énergie solaire en électricité et/ou en calories pour chauffer un circuit de chauffage ou d’Eau Chaude Sanitaire.
Concernant la production d’électricité, il y a 2 stratégies qui s’opposent :
- L’autoconsommation : L’électricité produite est utilisé pour notre consommation propre, immédiatement ou stockée via des batteries pour être consommée lorsque les panneaux photovoltaïques ne produisent pas.
- La revente : L’électricité produite est injectée dans le réseau de distribution national dans le but d’être consommé par n’importe quel consommateur.
Personnellement, je considère que cette 2e solution n’a aucun intérêt. Produire quelque pour en faire du commerce, alors qu’on en a besoin pour sa propre consommation , me semble une hérésie.
Alors évidemment, si le prix de vente est supérieur au prix d’achat, le résultat économique peut paraître intéressant. Mais c’est sans tenir compte du fait que le prix de vente est fréquemment réindexé et revu à la baisse, et surtout qu’on reste dépendant de la stratégie et de la politique des grandes compagnies de production d’énergie. ce qui n’est pas la meilleure façon de gagner en indépendance. Surtout pas en ce moment avec un secteur de l’énergie fortement instable et sous tension.
Au delà de tout ça, je suis suffisamment contre toutes ces politiques commerciales qui privilégient le profit et le court terme plutôt que l’éthique et l’intérêt général, sans tomber moi même dans les mêmes déviances.
Concernant les panneaux photovoltaïques, il faut avouer que ce n’est pas simple de se faire une religion. Il y a plusieurs types de panneaux, le secteur est en évolution constante, avec des innovations intéressantes, mais pour lesquelles nous n’avons aucun recul ni aucun retour d’expérience. Toujours est il que, si on regarde ce qui se fait de plus courant, on fait rapidement face à 3 problèmes majeurs :
- Le rendement des installations : Aujourd’hui un panneau photovoltaïque « standard » offre un rendement compris entre 12 et 15% pour les panneaux polycristallin) et jusqu’à 18% pour un panneau monocristallins. Cela signifie qu’il convertit 12 à 18% de la lumière en électricité. On se rend rapidement compte que ce rendement reste faible et est dépendant, en plus de la technologie, de la puissance du panneau, de la zone géographique d’implantation, de l’orientation et de l’inclinaison du panneau, de la surface, etc. … On peut donc s’attendre à ne jamais atteindre les rendements annoncés. Pour en finir avec le rendement, il faut également savoir que les panneaux solaires peuvent être garantis pour une durée de vie allant jusqu’à 15 ans, période pendant laquelle, la courbe de rendement baisse significativement.
- Le stockage de l’électricité : Par essence, les panneaux produisent de l’électricité, la journée, or, la consommation d’électricité se situe majoritairement en soirée ou la nuit, période où le panneau ne produit rien. il faut donc trouver une solution de stockage pour permettre de gérer la désynchronisation entre la phase de production et la phase de consommation. Pour cela on a un multitude de possibilités à base de batteries. Je ne rentrerai pas dans les détails techniques, mais les technologies mures, fonctionnelles, durables et propres ne sont pas vraiment ce qu’on retrouve à ce sujet.
- Et l’écologie dans tout ça : Justement parlons en des panneaux « vert ». Si on se contente de regarder le cycle d’exploitation, c’est un système propre, indéniablement. Il nécessite peu d’entretien et il consomme l’énergie la plus durable et la plus abondante qu’il soit. Parcontre, si on prend en compte les phase de conception, de production et de recyclage, alors la, le bilan carbone devient beaucoup moins vert. matériaux non recyclables, polluant, voir toxiques pour l’environnement. durée de vie très courte, … La technologie du panneau photovoltaïque, ramené à son rendement n’a absolument rien d’écologique, qu’on se le dise.
Ceci étant dit, il reste la question du panneau solaire, afin de produire du chauffage ou de l’Eau Chaude sanitaire. Je ne m’étendrai pas non plus sur ce sujet, car si ces dispositifs offrent un rendement bien meilleur, le cout de l’investissement et les réserves indiquées précédemment on fait que nous avons abandonné tout idée d’installer des panneaux, quelque soit leur nature. Peut-être que dans quelques années, nous y reviendrons et peut-être aurons nous des solutions réellement vertes et réellement performantes. il sera toujours temps d’ajouter ce dispositif.